top of page

Changement climatique et éclairage : réinventer la nuit.

  • Aude Grard
  • il y a 4 jours
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 2 jours

Face au changement climatique, l'urbanisme se réinvente. Renaturation, création d'îlots de fraîcheur privilégiant la pleine terre : le végétal n'est plus circonscrit aux espaces verts, mais s'épanouit dans les rues circulées en ville dense. Alors comment l'éclairage urbain peut-il accompagner ces nouvelles manière d'habiter ? Dépasser les contradictions d'un éclairage efficace pour les déplacements, mais non nocif pour la biodiversité urbaine ?

Prismes fait la lumière sur un projet de renaturation ambitieuse, porté par l'établissement public territorial du Grand Paris, Est Ensemble - "Le Grand Chemin. Une continuité verte de 55 km à horizon 2030 qui traversera neuf villes de Seine-Saint-Denis (93), favorisant les mobilités douces en apaisant la circulation automobile pour s’adapter aux enjeux climatiques et sociaux, améliorer de façon pérenne le cadre de vie des habitants du territoire. Un éclairage accompagné par des agences de conception lumière qui osent des gestes forts, et en particulier, éclairer les voiries à des niveaux très bas, soit 5 lux moyen.



Des niveaux d'éclairement plus bas...et la norme ?


En collaboration avec les paysagistes Agence TER, l'agence Concepto à élaboré le plan guide lumière à l’échelle du territoire. Ce plan guide prend vie, puisque plusieurs tronçons démonstrateurs sortent actuellement de leur phase chantier. Ainsi l'agence Soizick Bihen accompagne l’agence de paysage Babylone pour Bagnolet et Concepto travaille sur les tronçons des Lilas et de Montreuil. Ces tronçons démonstrateurs permettent à la fois d’expérimenter, de confronter des concepts nouveaux, voire inédits et de les éprouver « en vrai » !

Les deux agences portent un projet commun : permettre aux usagers de "ressentir la nuit" comme le précise Sara Castagné (Concepto) et préserver la biodiversité nocturne. Un projet ambitieux, dont la sobriété nocturne devient une signature. "Il s’agit de façonner une identité lumineuse claire, lisible et singulière, capable d’accroître l’attractivité du lieu et d’en affirmer la présence. La lumière s’accorde avec l’architecture urbaine, le mobilier et le végétal, tissant une cohérence spatiale et visuelle, presque narrative, où chaque élément trouve sa juste place dans l’obscurité apprivoisée", Soizick Bihen.  


Un niveau d'éclairement très bas a donc été proposé : 5 lux moyen, y compris dans les rues circulées.


5 lux moyen : un niveau qui respecte la norme EN 13 201


Le niveau de 5 lux moyen ne déroge pas à la norme EN 13 201 qui fixe les niveaux d’éclairement, puisque les nouvelles rues et parcs dessinés par les paysagistes sont limitées à 20km/h, voire 10km/h et sont des espaces de partage, où le piéton est prioritaire.



Comme le précise Sara Castagné "5 lux, c’est la quantité nécessaire de lumière pour cheminer dans un espace paysager planté, c'est aussi le niveau que nous estimons adapté pour s'adapter à la biodiversité. Habiter la nuit, cela signifie l'éclairer peu, mais aussi créer des espaces scénographiés sur les lieux où l'usage nocturne est important ".


Changement climatique et éclairage : scénographier, jouer, rêver.


La baisse du niveau lumineux ambiant sur le Grand Chemin est accompagnée de « bulles d’ambiances » qui viennent accompagner les usages, elles sont d’autant plus appréciées et visibles dans cet environnement lumineux apaisé. Il s’agit du parvis d’un centre de loisir, d’une placette, des abords d’un équipement : leur scénographie s'affirme comme joyeuse et inclusive.


projections lumineuses au sol
Les Lilas (93) - Sur un tronçon test du Grand Chemin, des projections lumineuses ludiques depuis un projecteur gobo autour du thème commun « le sol vivant » animent les espaces actifs la nuit © Concepto

Créer un balisage avec le système lumineux inédit "Petit Poucet"


Sur les candélabres du Grand Chemin ont été intégrés un système dit du "Petit Poucet". Un point LED solaire de la marque LED PUCK intégré à l'arrière du mât à 50 cm du sol, en couleur ambre ou rouge. Ce point LED coloré permet de scénographier l'espace et d'apporter une cohérence à l'ensemble du Grand Chemin. Mais ce point de lumière a également une autre fonction : servir de balisage lumineux le jour où les sociétés seront prêtes à éteindre les candélabres. Un guide lumineux permettant de cheminer dans la nuit, tel le Petit Poucet qui suit les cailloux blancs au clair de lune.



Changement climatique et éclairage : la nuit aussi se réinvente.


Le point sur la vocabulaire de la lumière...


Lux : Le lux est l’unité d’éclairement (symbole lux), c’est-à-dire la quantité de lumière reçue sur une surface donnée. Un lux est l’éclairement d’une surface qui reçoit, d’une manière uniformément répartie, un flux lumineux d’un lumen par mètre carré. Le lux se mesure avec un luxmètre, appareil portatif et simple d’utilisation, largement utilisé en éclairage extérieur pour mesurer par exemple l’éclairement sur trottoirs et les voiries et confronter ces résultats aux prescriptions normatives. L’œil humain est capable de s’accommoder à des éclairements très variables : 120 000 lux en pleine journée ou 1 lux pour une nuit de pleine lune.


EN 13 201 : La norme NF EN 13 201 est le document incontournable concernant la photométrie en éclairage extérieur. C’est une norme d’application volontaire, mais elle s’applique bien à toutes les parties lorsqu’elle est citée dans un contrat ou un cahier des charges. Cette norme fixe les minimums et les maximums des performances photométriques à atteindre en fonction des typologies d’espaces. L’analyse d’un certain nombre de facteurs (vitesse de circulation, types d’usagers, intensité du trafic, luminosité ambiante) permet ainsi de déterminer une classe d’éclairage à appliquer.



S'abonner aux infolettres Prismes


Des infos, des conseils, des idées, retrouvez l'infolettre PRISMES

tous les mois, pour un tour d’horizon des enjeux contemporains de l’éclairage urbain.



bottom of page