Éclairer une salle de bain : allier éclairage fonctionnel et décoratif
- Aude Grard
- 21 oct. 2024
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 2 jours
Une salle de bain est d’abord une pièce technique à plusieurs titres. En raison de ses volumes particuliers et de son caractère humide, mais aussi en raison des activités que chacun y réalise : se raser ou se maquiller, autant de gestes techniques que l’on doit pouvoir exécuter sans se blesser. Souvent privée de lumière naturelle, la salle de bain est sans doute la pièce la plus compliquée à éclairer avec la cuisine. Or un éclairage raté de salle de bain ne pardonne pas, les mauvais choix se ressentent et viennent grever les notes des appréciations de chambres d’hôtel notamment. Alors, comment allier l’efficacité de l’éclairage et l’atmosphère cocooning ? Comment la lumière peut-elle être synonyme de bien voir autant que de bien-être ?

Lumiscope vous livre les Do ! et les Don’t ! pour éclairer une salle de bain, avec Marie-Line David, directrice déléguée chez FD Éclairage (appelé également Le Spot français), spécialiste de l’éclairage domestique fabriqué en France depuis quarante ans.
Éclairer une salle de bain : sur les matières et les couleurs utilisées, tu enquêteras
Do !
Dans le cadre d’un projet de construction ou de rénovation, il s’agit avant tout d’obtenir les références des couleurs et faïences qui seront utilisées dans la salle de bain, car ce sont elles qui détermineront la puissance et la température de couleur des appareils.
On éclaire avec une température plus froide les couleurs froides et avec une température plus chaude, les couleurs chaudes. Quant à la puissance, si le carrelage noir est à la mode, il exigera de choisir des appareils plus puissants qu’avec un carrelage clair.
Don’t.
« Il va falloir adapter la puissance pour ne pas avoir l’impression d’être dans un bunker. Gardons à l’esprit que la lumière utile pour les usagers, ce sont les lux, soit la matière sur laquelle les lumens viennent tomber. Et pour avoir des lux, les luminaires doivent être équipés d’une optique efficace qui dirige le flux lumineux dans une direction donnée. Mais quand la matière ne réfléchit pas, on est obligé d’augmenter les puissances d’une part, et de mettre en place quelques subterfuges avec des objets ou des matières claires qui reflètent la lumière, comme une vasque ou une crédence claire, des porte-savons, des tissus. »
Éclairer une salle de bain : la direction de la lumière tu étudieras
Don’t .
Installer un spot au beau milieu de la salle de bain qui éclaire le sol ne résout pas la question de l’éclairage… car cela ne sert pas à grand-chose de voir… ses pieds ! Il faut avant tout se demander ce qu’éclaire la source, quelles sont les zones fortes, que souhaite-t-on faire ressortir.
Do !
Le meuble-vasque et/ou la douche constituent des zones fortes à éclairer. On pense souvent à tort qu’un éclairage intégré au miroir permet d’éclairer le meuble-vasque situé en dessous, ce qui n’est absolument pas le cas. Un éclairage intégré au miroir permet d’éclairer les visages sans ombre portée pour les gestes techniques du rasage ou du maquillage. Pour mettre en valeur le meuble vasque, on pourra ajouter un point lumineux au-dessus. Si l’on ne dispose pas d’éclairage intégré dans le miroir, un éclairage wall-washer ou lèche-mur permettra d’éviter de créer une ombre portée en s’approchant du miroir.

Don’t.
Avec un spot orientable, le client pourra orienter la lumière là où il le souhaite… appliquer cette logique dans une salle de bain est une erreur. Spot orientable, miroir et brillance du carrelage ou de la paroi vitrée de la douche ne font pas bon ménage, et créent une pollution visuelle par l’éblouissement.
De même, installer un variateur d’intensité lumineuse en pensant que de cette manière, on laissera le soin à l’utilisateur de gérer son éblouissement est une fausse bonne idée : implanter ses luminaires au bon endroit est beaucoup plus déterminant.
Do !
Choisir un spot basse luminance, avec une source très enfoncée dans le luminaire, peut être une solution pour apporter un maximum de confort visuel. Car c’est moins la quantité de lumière qui génère de l’inconfort ou de l’éblouissement, mais plutôt la vision directe de la source.
Don’t.
Dans la douche ou la baignoire, installer un ou deux spots au milieu du plafond ne constitue pas un éclairage optimal. Premièrement, les pommes de douche qui descendent depuis le plafond vont générer une énorme ombre portée et deuxièmement, on risque d’être ébloui en levant les yeux pour rincer du shampoing sur son visage, c’est une expérience désagréable.
Do !
Pour éclairer les douches ou les baignoires, on préférera plusieurs mini spots répartis le long des murs au plafond plutôt qu’un point central. Cet éclairage indirect en lèche-mur est idéal pour apporter efficacité et confort absolu, de même on peut éclairer les niches lorsqu’elles existent. L’impression globale de lumière se crée à partir du moment où certaines surfaces horizontales sont éclairées. Attention à la classe énergétique aux luminaires, et à leur tension, car nous sommes ici dans le volume 1. TBTS : très basse tension de sécurité et alimentations déportées sont de rigueurs, comme le prescrit la norme NFC 15-100.

Éclairer une salle de bain : un très bon indice de rendu des couleurs, tu choisiras
Do !
« Un bon indice de rendu des couleurs (IRC) commence à 80, mais pour une salle de bain, il faut privilégier un très bon indice de couleurs, soit supérieur ou égal à 90 si on ne veut pas ressembler à un clown à la lumière extérieur après sa mise en beauté ».
En revanche, la température de couleur est plutôt une affaire de goût « j’ai remarqué que les femmes préfèrent généralement le 3000 K, les hommes, le 4000 K… donc choisir un luminaire tunable white peut être la solution ». Néanmoins, ces préférences sont aussi très culturelles, d’où l’importance de questionner son client sur ses attentes.
Don’t .
Négliger la qualité du luminaire, des matériaux qui le constituent porte très vite à conséquence dans une salle de bain ou les contraintes de chaleur et d’humidité sont plus importantes. Il faut garder à l’esprit que le plastique vieillit mal sous les UV, or beaucoup de spots ont des collerettes, voir des optiques en plastique. Si l’éclairage peut être qualitatif à l’allumage, il le sera beaucoup moins lorsque le plastique du diffuseur de mauvaise qualité aura viré au jaune au bout de trois ou quatre ans. La lumière sera alors forcément jaunâtre et beaucoup moins efficace.
Éclairer une salle de bain : les volumes normés tu respecteras, mais ta créativité tu garderas
Do !
Certes l’éclairage de salles de bain est strictement encadré par la norme NF C 15-100, pour les exigences électriques et IP des luminaires. Ainsi, pour choisir son luminaire de salle de bain, il faudra se référer aux différents volumes décrits dans la norme, traduits ici en schéma.

Néanmoins, les possibilités sont vastes ! À partir du moment où l'on sort du volume 0, tous les luminaires pourvus d'un IP 44 sont installables si ceux-ci sont en classe II pour le volume 2 et en classe III pour le volume 1 (sauf si ces zones doivent être nettoyées au jet d'eau, dans ce cas, on choisira un luminaire IP 45 ). En quête d'inspiration ? Le Palmarès des états-généraux de la salle de bains remet chaque année un prix du luminaire de la salle de bain remarquable, comme l'illustrent ces luminaires lauréats de Brossier Saderne et CVL.
Le point sur le vocabulaire de la lumière…
Température de couleur : Permet de définir la tonalité de lumière ou couleur de lumière d’une lampe. Elle s’exprime en kelvin (symbole K) (source : https://www.ace-fr.org/). La valeur de référence est la lumière du jour. Cette température a été normalisée par la CIE à 6500 K, ce qui correspond au moment où le soleil est au zénith, soit une teinte de blanc très froid. À titre d’exemple, une lampe halogène se situe à 3200 K.
Lux : Le lux est l’unité d’éclairement (symbole lux), c’est-à-dire la quantité de lumière reçue sur une surface donnée. Un lux est l’éclairement d’une surface qui reçoit, d’une manière uniformément répartie, un flux lumineux d’un lumen par mètre carré. Le lux se mesure avec un luxmètre, appareil portatif et simple d’utilisation, largement utilisé en éclairage extérieur pour mesurer par exemple l’éclairement sur trottoirs et les voiries et confronter ces résultats aux prescriptions normatives. L’œil humain est capable de s’accommoder à des éclairements très variables : 120 000 lux en pleine journée ou 1 lux pour une nuit de pleine lune.
Lumen : Le lumen est l’unité de mesure du flux lumineux (symbole lm). L’efficacité lumineuse d’une source se mesure ainsi en lm/W, soit le rapport entre le flux lumineux (en lumen) et la puissance électrique absorbée (en watt).
Indice de rendu des couleurs (IRC) : L’indice de rendu des couleurs (IRC) permet de mesurer la capacité d’une source lumineuse artificielle à rendre les couleurs, telles que celles-ci apparaissent sous la lumière solaire. Pour ce faire, l’IRC s’exprime via une échelle allant de 0 à 100, l’indice 100 étant attribué à la lumière solaire. Un IRC entre 90 et 100 permet un excellent rendu des couleurs. Un IRC entre 80 et 90, permet un bon rendu des couleurs. Tous les luminaires intérieurs doivent ainsi avoir un IRC égal ou supérieur à 80, conformément à la directive ecodesign 2019/125/CE et au règlement délégué ELR-SLR. Pour les luminaires extérieurs, il n’existe pas d’exigence d’IRC.
Tunable white : Terme anglophone, largement utilisé en éclairage, se traduit par « accordable » ou « réglable ». Le Tunable White désigne un système d’éclairage dont la température de lumière est variable, elle peut ainsi passer d’un blanc froid à un blanc chaud, avec un certain nombre de températures intermédiaires. Cette variation est réglée automatiquement ou manuellement, selon les besoins. On parle également de tonalité variable. Ce système s’utilise aussi bien en intérieur qu’en extérieur et permet notamment de faire varier la température de lumière au fil de la journée, afin d’avoir le moins d’impact possible sur le cycle circadien des usagers.
S'abonner aux infolettres LUMISCOPE
Des infos, des conseils, des idées, retrouvez l'infolettre LUMISCOPE : tous les mois, la lumière se réfléchit dans une infolettre.