Réemploi de mâts, rétrofit de lanternes, seconde vie : revue de projets et innovations de l’économie circulaire.
- Aude Grard
- 25 nov.
- 6 min de lecture
Allonger la durée d’usage, éco-concevoir, approvisionner durablement, recycler, tels sont les principes de l’économie circulaire. En effet, « en France, la transition vers une économie circulaire est reconnue officiellement comme l’un des objectifs de la transition énergétique et écologique et comme l’un des engagements du développement durable » selon le site du Gouvernement. Cet objectif se matérialise dans la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, promulguée le 10 février 2020 (Agec).
Alors comment s’incarnent ces enjeux de circularité dans le champ de l’éclairage ? Quelles sont les solutions proposées par les industriels pour engager l’éclairage vers l’économie verte en termes de réduction de la consommation électrique comme d’allongement de la durée de vie des candélabres ?
Dans le cadre d’un appel à témoignages lancé auprès des industriels du secteur, Prismes vous propose ce mois-ci une revue de projets « économie circulaire ». Rétrofit des lanternes, réemploi des mâts, deuxième et troisième vie : la parole est aux fabricants !
Projet présenté par Technilum
Longue vie aux Fées !
"Réalisées en 1973 par Technilum, les « Fées* », lampadaires iconiques imaginés par Jean Balladur, architecte de La Grande Motte, sont toujours en place 50 ans plus tard. Leur silhouette est désormais emblématique de la Grande Motte, l’une des villes les plus atypiques de France, labellisée Patrimoine du XXème siècle pour l’ensemble de ses bâtiments et de son architecture.
La structure conçue et fabriquée par Technilum, robuste et durable, a traversé sans altération les décennies, grâce au matériau aluminium, particulièrement résistant à la corrosion, à une conception ingénieuse sans point de faiblesse et un thermolaquage de qualité. Mais les sources lumineuses, anciennes et donc énergivores, se devaient d’être changées.
Dans le cadre du marché global public de performance visant à rénover le parc d’éclairage de la ville, les Fées accueillent désormais des projecteurs LED basse consommation Paulette de Technilum, qui ont la particularité d’être dotés d’un effet « Lumière Matière ». Imaginé par l’Agence de conception lumière ON, il offre un éclairage singulier, organique et poétique.
Un relamping sur-mesure pour un mobilier urbain d’exception : les « Fées » ont encore une belle et longue vie devant elles " !
* Il y a 50 ans, Jean Balladur a imaginé et dessiné les lampadaires caractéristiques ornant la Place des Trois Pouvoirs, dont les cônes à la silhouette si caractéristique sont un clin d'œil à la fée... électricité !
Place des 3 Pouvoirs, La Grande Motte
Maîtrise d’ouvrage : Ville de La Grande Motte
Concepteur Lumière : ON, Agence de Conception Lumière
Bureau d’études : SES CFCI Installateur : Bouygues Énergies & Services, Bondon Électricité
Mobilier d’éclairage : Technilum : structure aluminium sur-mesure (1973) et projecteur Paulette L Lumière Matière (2023)
Crédit photos © Hugo Da Costa
Projet présenté par RAGNI
Rétrofit : solution patrimoniale sur le Pont de Briare ou solution prête à l’emploi pour tous les luminaires.
"Pour RAGNI, une opération de rétrofit commence systématiquement par une étude photométrique afin de déterminer, au cas par cas, les optiques et les températures de couleur adaptées. Ainsi, en 2022, RAGNI a rétrofité 139 luminaires historiques du canal-pont de Briare (région Centre-Val de Loire), ouvrage fluvial de 662 mètres construit par l’entreprise Eiffel et inscrit aux Monuments historiques. Les pièces d’origine ont été démontées, vernies en atelier, puis équipées de blocs LED remplaçant les anciennes sources à décharge.
Au-delà de la préservation patrimoniale, cette opération s’inscrit pleinement dans une démarche de réemploi : dans une Analyse du Cycle de Vie (ACV), la rénovation d’un luminaire existant réduit fortement les impacts liés à l’extraction et la transformation de matières premières. Le rétrofit constitue ainsi un levier direct d’amélioration du bilan carbone pour les collectivités. Dans le cas du Pont de Briare, la modernisation a également permis de diminuer le flux lumineux émis vers la Loire par rapport aux anciennes lampes verticales, contribuant ainsi à une réduction des nuisances lumineuses.
Lorsque les budgets sont plus contraints, RAGNI propose également une « solution étagère » : un module LED prêt à l’emploi, adaptable à presque tous les luminaires existants, simplement fixé sur le support en place. Cette solution peut intégrer des technologies de télégestion, permettant un pilotage précis, des économies d’énergie supplémentaires et une prolongation significative de la durée de vie des installations".
Projet présenté par Eclatec
Un atelier de rétrofit mobile
"La démarche de réemploi Eclatec repose notamment sur une approche industrielle du rétrofit des luminaires : adapter les équipements déjà installés aux technologies LED modernes sans modifier les structures mécaniques ni les réseaux. Développé et déployé depuis plus de dix ans, ce concept combine ingénierie photométrique, conception de kits modulaires et intervention sur site.
À titre d’illustration, en 2024, plus de 34 000 points lumineux ont été rétrofités en France. Chaque opération représente une économie de matière et d’énergie significative, tout en garantissant la conformité électrique et photométrique aux exigences d’aujourd’hui.
Deux réalisations illustrent parfaitement cette approche :
Ville de Serris (77) : dans le cadre d’un marché à performance énergétique avec Eiffage, Eclatec a déployé un atelier mobile permettant le rétrofit directement sur site de 400 luminaires sur les 1 100 du parc.
Les kits pré-assemblés intégraient optiques, sources LED et alimentations, assurant une remise en service rapide et homogène.
Orléans Métropole : 1 000 lanternes patrimoniales ont été équipées de modules LED à haut rendement, en remplacement de lampes à décharge, réduisant de 60 % la consommation énergétique et prolongeant la durée de vie des appareils sans altérer leur esthétique.
Cette approche démontre que la modernisation du parc lumineux peut s’appuyer sur des solutions industrielles de réemploi maîtrisé, conciliant performance, sobriété et valorisation du patrimoine existant".
Projet présenté par TMC Innovation
Le choix du bois
"Pour réduire son impact environnemental, TMC Innovation s’appuie sur la réalisation d’analyse de cycle de vie (ACV) poussés, qui permettent à l’entreprise d’identifier les leviers les plus efficaces. Nous avons ainsi constaté que le réemploi de supports complets en acier ne générait pas, à ce jour, de bénéfice environnemental ou économique significatif.
Pour concevoir des produits éco-conçus à impact réduit sur le climat, nous avons fait le choix d’un matériau alternatif : le bois, ressource biosourcée, renouvelable et à fort potentiel de réemployabilité.
C’est dans cette optique qu’a été développé notre mât Buho, en bois massif de Douglas français. Sa conception repose sur la modularité et la durabilité : seul le fût en bois est remplacé lorsque cela devient nécessaire, tandis que l’embase et la lanterne sont conservées. Le retrofit est simple (assemblage vissé), accessible aux maîtrises d’œuvre et s’inscrit dans une approche low-tech.
Ce principe de conception prolonge la durée de vie totale du mât, équivalente à celle d’un modèle en acier, tout en réduisant de 43 % les émissions de CO₂, même en tenant compte du remplacement du fût.
Le choix d’un bois massif, sans colle ni traitement, facilite le réemploi dans d’autres filières : mobilier, panneaux agglomérés, fibres, puis valorisation énergétique — pour une durée d’usage totale d’environ 70 ans, supérieure à la durée de croissance du Douglas.
À travers Buho, TMC Innovation illustre une approche concrète de l’économie circulaire : concevoir des mâts d’éclairage pensés pour durer, être réparés, réemployés et valorisés à chaque étape de leur cycle de vie".
Projet présenté parc Comatelec Schréder
Objectif 100% LED pour l'éclairage public du tram B à Orléans
"Orléans Métropole engage d’ici 2026 la rénovation de 60 000 points lumineux en éclairage 100 % LED, avec un objectif de –60 % sur la facture énergétique et la maintenance, tout en préservant la biodiversité.
La ligne B du tramway compte 25 stations sur 11,3 kilomètres. Elle traverse aussi bien des zones résidentielles, des espaces routiers mais aussi l’hyper-centre d’Orléans. Cette ligne est équipée des solutions d’éclairage Comatelec Schréder.Les luminaires CITEA étant encore en bon état et faisant partie du paysage urbain, les responsables du projet ont donc fait le choix de notre solution d’éclairage CIRCLE LED BASE.
Le rétrofit permet de réduire la consommation énergétique de plus de 50 %, d’allonger la durée de vie du matériel, de limiter les déchets, et d’éviter la production de nouveaux luminaires. Ce choix permet aussi de diminuer les coûts de maintenance et de participer à la transition écologique grâce à un éclairage respectueux de l’environnement.
Ce projet, mené avec SPIE, CITEOS et d’autres partenaires, illustre un fort engagement en faveur de l’économie circulaire, la baisse de l’empreinte carbone et un éclairage durable.
Ainsi en choisissant de passer à cette solution rétrofit, les gestionnaires du projet diminuent drastiquement la facture énergétique et les coûts de maintenance qui y sont associés. Ils s’engagent également dans la transition écologique en préservant la biodiversité locale, grâce à un choix de températures de couleur et d’intensité adaptée à l’espace naturel".
Client : Orléans Métropole
Installateur : Orléans Métropole, SPIE, CITEOS Orléans
Bureau d'études : Orléans Métropole
Maître d'œuvre : Orléans Métropole
Photographe : Les Lucioles - Christopher Hibbert
Comprendre l'économie circulaire
...Autant de réalisations inspirantes pour les collectivités ! Et pour tout savoir sur l'économie circulaire, téléchargez ici le guide "éclairage et économie circulaire, le lexique commenté" réalisé par l'Association française de l'éclairage (AFE) et le Syndicat du luminaire.
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