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Valoriser les œuvres d’art dans l’espace urbain nocturne

  • Aude Grard
  • 2 oct. 2024
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 17 avr.


De la statue monumentale à la fresque discrète sur un pan de mur, les œuvres d’art sur le domaine public symbolisent l’identité d’une ville, d’un quartier ou d’une place. Pourtant, à la nuit tombée, ces œuvres disparaissent souvent de notre champ de vision, englouties par l’obscurité ou écrasées par un éclairage public trop fort et trop uniforme.

Alors comment les collectivités peuvent-elles agir pour valoriser leurs œuvres d’art la nuit ?

Prismes attire l’attention sur quelques actions simples à mettre en place et porte la voix de Soizick Bihen, conceptrice lumière.


Sculpture éclairée par l'éclairage public résiduel  au jardin des Tuileries à Paris © Daniel Gauthier
Sculpture éclairée par l'éclairage public résiduel  au jardin des Tuileries à Paris © Daniel Gauthier

Premier point d’attention : définir une image nocturne de l’œuvre d’art.


Le jour, les variations climatiques et les changements de lumière donnent vie aux œuvres qui parsèment nos rues. La nuit, l’image de l’œuvre se fige sous l’éclairage public.

Alors comment éclairer une œuvre ?

La mise en lumière doit-elle rapprocher l’œuvre d’art de son image diurne ou souhaite-t-on au contraire lui donner une image nocturne totalement différente ?

La parer de couleurs nouvelles, faire varier sa mise en lumière au fil de la soirée, profiter de la nuit pour attirer sur elle tous les regards ?

Questions complexes, car relevant du domaine technique et esthétiques, auxquelles seul un concepteur lumière pourra répondre, en collaboration avec les collectivités – il s’agit d’un premier point d’attention.


Deuxième point d’attention : contrôler l’éclairage public aux abords de l’œuvre.


Même parée de la plus belle des lumières, une œuvre d’art ne pourra ressortir si l’éclairage public à ses abords est trop puissant.

« Créer un abaissement des niveaux lumineux autour de l’œuvre est fondamental pour la réussite du projet, en tant que conceptrice, c’est une demande que je fais systématiquement aux collectivités » Soizick Bihen. Une action à la portée des collectivités par la gradation* ou l’extinction de certains points lumineux, même lorsque l’œuvre et l’éclairage public sont déjà installés.


Statue d'Adolf Kolping à Cologne dans l'ombre © EMES77
Statue d'Adolf Kolping à Cologne dans l'ombre © EMES77

Troisième point d’attention : encourager la réalisation de tests lumière in situ.


Rien ne vaut un test sur site pour constater qu’on se sent souvent mieux, plus en sécurité, sur un espace avec moins de lumière, mais mieux éclairé ! Les tests sur site sont donc primordiaux pour déterminer les sources à abaisser ou éteindre, mais aussi pour tester les différentes possibilités de mise en lumière de l’œuvre, et notamment la température de couleur**.


Essais éclairage froid chez l’artiste Christian Lapie © Soizick Bihen
Essais chez l’artiste Christian Lapie © Soizick Bihen

« Il est difficile de figer à l’avance une température de couleur, car chaque matériau, chaque couleur reçoit différemment l’éclairage. C’est pourquoi le temps des essais est toujours un moment fort dans un projet.

J’ai éclairé dernièrement des statues du sculpteur Christian Lapie dans un jardin.

Ces statues monumentales sont réalisées en bois peint de noir, ce qui n’est pas la matière la plus facile à éclairer ! Et bien les statues étaient totalement différentes sous un éclairage 2200 K, 3000 K ou 4000 K, elles ne racontaient absolument pas la même histoire » Soizick Bihen.


Quatrième point d’attention : favoriser la collaboration entre le paysagiste et le concepteur lumière.


A travers la rédaction du cahier des charges, les collectivités peuvent favoriser les collaborations entre certains corps de métier. Dans les espaces verts qui abritent des œuvres d’art, les trois mouvements qui sont l’éclairage d’une œuvre, l’éclairage global du jardin et l’aménagement paysager doivent avancer de concert dès la phase avant-projet.


« Une collaboration avec le paysagiste dès la conception du projet permet d’éviter beaucoup du temps perdu lors de la phase d’installation. Si on éclaire les arbres tout autour d’une œuvre, on ne verra plus l’œuvre en elle-même, au-delà du fait que nous savons désormais qu’il ne faut plus éclairer les arbres pour des raisons de biodiversité. C’est le genre de discussions que le concepteur lumière et le paysagiste doivent avoir ensemble pour construire le projet et ne pas se retrouver en phase chantier à défaire ce que l’autre a imaginé » Soizick Bihen.


Mise en lumière d’œuvres à la fondation Villa Datris © Soizick Bihen
Mise en lumière d’œuvres à la fondation Villa Datris © Soizick Bihen

Le point sur le vocabulaire de la lumière…

Gradation* : Une lumière gradée est une lumière dont le flux augmente ou diminue, soit de manière continue, soit par palier. Aujourd’hui, beaucoup de luminaires intérieurs et extérieurs sont gradés de manière à adapter le niveau lumineux aux usages ou créer des effets de lumière.

 

Température de couleur** : Permet de définir la tonalité de lumière ou couleur de lumière d’une lampe. Elle s’exprime en kelvin (symbole K) (source https://www.ace-fr.org/). La valeur de référence est la lumière du jour. Cette température a été normalisée par la CIE à 6500 K, ce qui correspond au moment où le soleil est au zénith, soit une teinte de blanc très froid. À titre d’exemple, une lampe halogène se situe à 3200 K.


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