Profession installateur
- Aude Grard
- 16 sept. 2024
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 1 jour

Citeos est constituée de 80 entreprises, du grand groupe à la PME. Si les profils et les géographies sont variés, toutes les entreprises de la marque Citeos sont adhérentes de l’AFE (association française de l’éclairage) et de l’ACE (association des concepteurs lumière et éclairagistes) depuis une quinzaine d’années. Les entreprises du réseaux sont avant tout des intégrateurs de solutions, en partenariat avec les concepteurs lumière, les urbanistes ou encore les architectes au bénéfice des maîtres d’ouvrage, essentiellement des communes et EPCI.
Omniprésentes sur le terrain, maillon essentiel de la chaîne en éclairage public, les entreprises d’installation mettent en place et maintiennent le mobilier urbain. Mais connaissons-nous vraiment les métiers de l’installation ? Alain Grisval, expert techniques et innovation chez Citeos, une marque de Vinci Energies, nous révèle les complexités du métier : « installateur », un terme trompeur qui cache un éventail de métier d’accompagnement des collectivités.
C’est quoi exactement un installateur ?
« Un installateur en éclairage public, c’est une entreprise qui dispose du savoir-faire, des Hommes, des moyens, des ressources et des habilitations associées pour intervenir dans le domaine de l’éclairage public. Nous travaillons sur des réseaux, parfois dédiés à l’éclairage public et parfois mixtes, des réseaux parfois sous tension, ce qui exige un grand savoir-faire et des éléments de protection spécifique.
Concrètement, un installateur maîtrise le génie civile, le risque électrique, la photométrie et de plus en plus l’électronique et l’informatique.
Un dernier point essentiel qu’il faut garder à l’esprit : l’installateur porte la garantie de l’installation. Si une non-conformité est détectée, si une panne survient, la collectivité se tourne vers d’abord vers son installateur. Nous sommes donc garants de la sécurité du domaine public ».
Installateur ou intégrateur de solutions ? Accompagner les collectivités dans le déploiement des scopes.
"Répondre aux marchés publics en étant conforme, c’est bien sûr la base de notre métier. Mais, l’essentiel est réellement d’accompagner les collectivités dans la réflexion sur le coût global. Or le terme d’« installateur » laisserait entendre que nous pourrions installer une solution technique qui ne serait pas travaillée, interrogée, comparée à d’autres.
« Le terme d’“intégrateur” est finalement plus proche de la réalité : notre rôle est d’interroger les projets avec les collectivités ».
Le terme d’« intégrateur » est finalement plus proche de la réalité : notre rôle est d’interroger les projets avec les collectivités. En outre, entre le lancement d’un appel d’offres et la réalisation d’un projet, 18 mois s’écoulent bien souvent, et de nouvelles solutions sont apparues sur le marché. Notre devoir en tant qu’intégrateur de solutions et de nous tenir informés de toutes les nouveautés, via les salons nationaux et internationaux, et de partager en interne les expériences réussies et celles, à améliorer.
Le choix d’une solution technique a forcément des conséquences en termes de maintenance et de consommation des luminaires, mais aussi en termes de performance énergétique. C’est là où nos bureaux d’études entrent en scène : notre rôle est aujourd’hui d’aider les collectivités à comparer les solutions entre elles en intégrant l’analyse du cycle de vie (ACV). Cette analyse est complexe, pour la réaliser, nous nous appuyons sur les fabricants d’éclairage public qui nous transmettent les fiches PEP*. C’est par ce biais que nous accompagnons les collectivités sur l’ensemble des scopes** 1 et 2, et peut-être bientôt le scope 3, si le législateur se décide à accélérer les choses.
« plus une commune sera exigeante dans son appel d’offres, plus elle recueillera de réponses innovantes et qualitatives »
Dans cette perspective, les appels d’offres ouvertes aux variantes bas carbone sont fondamentales, elles permettent pour nous installateurs de porter notre offre différemment. Mais le mouvement est d’abord lancé par la maîtrise d’ouvrage.
Ainsi, plus une commune sera exigeante dans son appel d’offres, plus elle recueillera de réponses innovantes et qualitatives.
Idem en ce qui concerne les trames vertes, bleues et noires. On connaît désormais les impacts de la lumière sur la faune et la flore. Nos bureaux d’études ont les compétences pour échanger avec les collectivités sur les temporalités, sur les cycles de nidification, et parallèlement, il existe les solutions techniques pour répondre à ces enjeux finement ».

Un métier de proximité, l’exigence du terrain.
« La force d’un installateur, c’est son implantation dans les territoires. Notre réseau s’appuie sur de grands groupes, mais aussi sur des PME et des Scop (société coopérative et participative), or la proximité géographique est primordiale dans les métiers de l’éclairage public. Installer, exploiter et en particulier, maintenir, exige de la disponibilité, de la réactivité sur le terrain. De plus, nous sollicitons de plus en plus l’avis des habitants.
En effet, si la base de notre métier est de vérifier que les armoires de commande sont bien fermées, d’isoler les mâts et les mettre à la terre et de rendre l’éclairage public conforme aux normes, notre objectif est d’aller au-delà de ces sujets obligatoires — le but est de tendre vers un service adossé aux attentes de la population.
“Une concertation récente avec les agents en charge du ramassage des déchets a permis de baisser de 15 % le niveau d’éclairage public”
Ainsi, lorsque l’on a la chance d’entrer en contact avec les usagers, on se rend compte que les niveaux de la norme peuvent être ajustés à la baisse via des tests in situ, y compris avec les professionnels qui travaillent sur la voirie. Une concertation récente avec les agents en charge du ramassage des déchets a permis de baisser de 15 % le niveau d’éclairage public, ce qui est aujourd’hui techniquement très simple grâce aux protocoles DALI qui permettent des ajustements fins. La condition c’est d’être sur le terrain, au plus près des collectivités ».
Smart city, connectivité, solaire… les nécessaires évolutions du métier.

« On parle de plus en plus de mât connecté, mais au cœur des métiers, l’évolution des usages doit suivre l’évolution des techniques. Ainsi, les hommes sur le terrain peuvent aujourd’hui passer moins de temps à aller vérifier mât par mât que l’éclairage fonctionne : grâce à la connectivité, il suffit d’envoyer des ondes dans le réseau d’éclairage public pour récupérer des informations sur la qualité et les besoins en temps réel… c’est un gain de temps immense, mais la formation doit suivre !
Dans un monde au sodium avec trois puissances disponibles, changer un ballast était simple. Aujourd’hui, pour gérer une panne sur un luminaire, les hommes de terrain doivent savoir programmer n’importe quel driver, ce qui représente un temps de terrain substantiel et une solide expertise. Tous les opérateurs historiques doivent donc se former à l’électronique, ce qui représente un coût important qui s’ajoute à l’ensemble des CACES (certificat d’aptitude à la conduite en sécurité) et des formations obligatoires dans nos professions.
Par ailleurs, nos moyens techniques s’adaptent aux attendus environnementaux. Les nacelles sont maintenant mixtes ou totalement électriques, afin de nous rapprocher du scope et produire moins de nuisances sonores.
“notre environnement de travail se complexifie”
Enfin, notre environnement de travail se complexifie : le réseau d’éclairage public est de plus un réseau mixte, il sert notamment pour l’alimentation des caméras de surveillance ou pour compléter la recharge de véhicules électriques. Si ces innovations sont porteuses, elles impliquent également de nouveaux risques électriques : le réseau d’éclairage public est désormais utilisé de jour comme de nuit, ce qui a des impacts sur la gestion de la tension. Le constat est le même pour les candélabres solaires autonomes. Un panneau solaire n’est pas inerte, c’est un matériel électrique complexe qui produit de l’énergie en continu, d’où la nécessité de former 100 % des opérateurs à l’installation de candélabres solaires et à leur maintenance pour éviter tout accident électrique sur le terrain".
Le point sur le vocabulaire de la lumière…
Fiches PEP* : Les fiches PEP comportent et décrivent des informations sur l’impact environnemental d’un produit au cours du cycle de vie de ce dernier. Pensées comme des cartes d’identité environnementale, ces fiches contiennent 28 critères qui décrivent : leur impact sur l’environnement, leur consommation de ressources naturelles, les flux sortants.
Scopes 1, 2, 3** : Dans les années 90, ONG et gouvernements adoptent une réglementation en matière d’émission de gaz à effet de serre, fondée sur le principe du bilan carbone. Les périmètres d’émissions de gaz à effet de serre d’une entreprise sont alors comptabilisés et catégorisés dans ce qu’on appelle les scopes 1, 2 et 3.
Le scope 1 représente les émissions directes de gaz à effet de serre produits par l’entreprise.
Le scope 2 correspond aux émissions indirectes liées à l’énergie, mais qui ne se produisent pas directement sur le site de l’entreprise.
Le scope 3 est lié aux émissions indirectes qui ne sont pas sous le contrôle de l’entreprise.
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