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L’INTERVIEW À LA UNE – LE PRISME RAGNI.

  • Aude Grard
  • 22 avr. 2024
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 1 heure


Marcel et Stéphane Ragni, respectivement Président et Directeur général associé du GROUPE RAGNI, nous livrent un entretien exclusif : retour sur l’histoire de la Maison et partage d’une vision prospective.​

Photo de Marcel et Stéphane Ragni
Marcel et Stéphane Ragni © RAGNI

Autrefois entreprise familiale dévolue à la fabrication de lanternes de style, RAGNI est aujourd’hui un groupe pluridisciplinaire qui s’est enrichi de NOVEA ÉNERGIES, spécialisée dans l’éclairage autonome solaire, de SEVⓔ, entreprise de solutions connectées et durables et récemment de la marque allemande Hess.

Un tournant important qui confirme la place du GROUPE RAGNI parmi les leaders international du marché de l’éclairage public.​​​


MONSIEUR MARCEL RAGNI, VOUS ÊTES ENTRÉ CHEZ RAGNI 1971 : EN CINQUANTE ANS DE MÉTIER, QUELLES SONT LES ÉVOLUTIONS MAJEURES QUE VOUS AVEZ VÉCUES EN TANT QUE FABRICANT DE LUMINAIRES ?​​​


Marcel Ragni — En cinquante ans de carrière, j’ai bien sûr assisté à beaucoup d’évolutions, puisque RAGNI était à l’origine une entreprise de ferronnerie qui fabriquait des balcons, des portails et des lanternes en fer forgé. Nous nous sommes spécialisés dans l’éclairage petit à petit jusqu’à devenir fabricants de matériel d’éclairage public, au fil de quatre générations.


Stéphane et Jean-Christophe Ragni représentent la quatrième génération, mon grand-père ayant fondé la Maison en 1927.


Si nous sommes passés de la ferronnerie à l’éclairage public, c’est que nous avons toujours regardé plus loin que ce que nous savions faire, en allant chercher de nouveaux produits. Idem en éclairage public, puisque nous avons démarré avec les lanternes de style, pour aller vers l’éclairage routier et enfin l’éclairage connecté aujourd’hui. Nos métiers ont donc évolué, tout comme nos clients : nos premiers clients étaient des particuliers, ils sont devenus des commerces et enfin des collectivités lors notre passage à l’éclairage public. J’ai d’ailleurs l’habitude de dire « si vous y voyez la nuit, c’est souvent grâce à nous — on vous éclaire ! ».

​«Si vous y voyez la nuit, c’est souvent grâce à nous !»

Ce point de bascule vers l’éclairage public se fait en 1976, au gré d’une rencontre : un nouveau client nous avait commandé un luminaire imposant pour la ville de Toulouse. Nous n’étions alors que de gros artisans : très peu de machines, un travail exclusivement manuel et à la demande. Nous avons donc produit les quarante luminaires demandés et l’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais il se trouve que cette personne représentait un fabricant de luminaires routiers : Clarel. Et qu’elle a parlé de RAGNI à tous les agents commerciaux de la marque, qui sont ensuite venus nous trouver, jusqu’à devenir nos propres agents commerciaux ! Et c’est en 1989 que nous avons racheté Clarel. C’est ainsi que nous sommes entrés sur le marché de l’éclairage public.


© Groupe Ragni
© Groupe Ragni

COMMENT L’ENTREPRISE ÉVOLUE-T-ELLE À PARTIR DE 1976, MOMENT OÙ RAGNI DEVIENT FABRICANT D’ÉCLAIRAGE PUBLIC ?

Marcel Ragni — Pour passer des lanternes de style à l’éclairage routier, nous avons décidé de nous rapprocher de nos sous-traitants pour devenir intégrateurs de technologies. Nous avons donc muté sans arrêt, en fonction des besoins : c’est l’ADN RAGNI, rester ouvert à l’innovation et l’adaptation, en connexion avec les besoins du terrain. Idem pour nos usines : j’ai dans mon bureau une photographie de la fabrique en 1979, c’est encore l’atelier de ferronnerie des Temps modernes de Charlie Chaplin! C’était une atmosphère de forge, emplie de poussière et de fumée, mais aussi de blessures.

​​​​​​​​Nous avons totalement changé comme en témoigne notre engagement RSE. C’est pour cela que nous sommes toujours là, contrairement à beaucoup de concurrents que j’ai connus et qui n’ont pas su se moderniser. Ainsi, malgré notre ancienneté, nous restons une jeune start-up : nous innovons chaque année pour apporter toujours plus de services et de réactivité et de proximité avec le client.


© Groupe Ragni
© Groupe Ragni

​​​« les soudeurs à la baguette d’argent côtoient la machine à découpe

automatisée »

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​Stéphane Ragni — En revanche, nos maîtres mots n’ont pas changé : spécificité, réactivité et proactivité. Nous sommes une entreprise du patrimoine vivant (EPV), ce qui signifie que nous préservons des savoir-faire ancestraux, comme la fabrication de lanternes en cuivre et en laiton — ce qui est devenu très rare.

Chez RAGNI, les soudeurs à la baguette d’argent côtoient la machine à découpe automatisée : nous n’avons pas abandonné un savoir-faire au profit d’un autre comme nous n’avons pas abandonné le spécifique pour la série.​​​


Metz lanternes Arcadia © RAGNI
Metz lanternes Arcadia © RAGNI

De même, notre singularité s’exprime aussi au travers de la force de notre réseau commercial : nos commerciaux ne sont pas des salariés, mais des agents multicartes capables de proposer en un seul rendez-vous du mobilier urbain, du support, et de l’éclairage, de manière à répondre à la norme de construction EN 40. Aussi les agences ont grandi avec RAGNI et nous permettent aujourd’hui de rester très proches de la demande et du client.​


COMMENT PERCEVEZ-VOUS L’ÉCLAIRAGE SOLAIRE AU SEIN DU MARCHÉ FRANÇAIS ?

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Stéphane Ragni — Le solaire a fait ses armes à l’étranger pour arriver sur le marché français. Il constitue aujourd’hui une vraie demande de nos clients.

Nous venons d’ailleurs de gagner un très gros appel d’offres lancé par la Direction interdépartementale des routes (Dir) pour les sorties d’autoroute du Nord, avec 1000 candélabres et 1 million d’euros, montant totalement inédit pour le solaire en France.


Il s’agit d’un projet exigeant, car les luminaires doivent combiner puissance, pour répondre aux niveaux lumineux autoroutiers ; et autonomie, pour pallier le faible ensoleillement de la région.​​


Saint-Gilles (La Réunion) © RAGNI
Saint-Gilles (La Réunion) © RAGNI

« 1000 candélabres solaires pour un montant de 1 million d’euros, inédit en France »

En se débarrassant de ses freins, le solaire a aujourd’hui sa place presque partout : nous garantissons des durées de vie de 20 ans et de 10 ans pour les ensembles, contre 3 ans en 2010, quand les batteries étaient encore au plomb. La filière NOVEA ÉNERGIES nous a donc beaucoup apporté.

 

De même, nous sommes très bien implantés sur le continent africain où le solaire représente 90 % du marché de l’éclairage. Nous avons remporté un projet lancé par l’Agence nationale pour les énergies renouvelables (Aner) avec 36 000 ensembles solaires en cours d’installation au Sénégal. Ce n’est pas exactement le même métier qu’en France puisque RAGNI fabrique, livre et installe les luminaires sur site, avec une obligation de rendement à plus de 96 % pendant les six premières années. Néanmoins, il est certain que l’éclairage solaire ne fera jamais mourir l’éclairage raccordé qui aura toujours sa place.

​VOUS AVEZ MISÉ SUR LA PILOTABILITÉ : QUELLE EST L’AVENIR DE LA SMART CITY SELON VOUS ?

Stéphane Ragni — RAGNI a misé sur une vision : nous sommes le seul fabricant à avoir intégré en interne une société à mission telle que SEVⓔ qui signifie

« solution environnementale pour les villes ».


Dans ce cadre, nous ne vendons pas du matériel, mais de la prestation autour du produit, autour de tous nos produits, à partir du moment où l’accueil de la technologie a été prévu en amont. Trop de luminaires en LED installés aujourd’hui ne pourront jamais être pilotés, car l’opérabilité n’a pas été prévue, et parce qu’ils n’intègrent pas la technologie Zhaga*.

 

Notre démarche consiste donc à installer des luminaires «Zhaga ready » avec un cache à la place de la future option pour enclencher plus tard la connectivité. On peut débuter avec des services simples, puis plus complexes au fil des années, de manière à ce que les élus ne se perdent pas dans toutes ces possibilités offertes par la smart city.

« L’avenir se joue donc aujourd’hui, en anticipant l’évolution future du parc vers le 100 % LED»


La Tour de Salvagny © RAGNI
La Tour de Salvagny © RAGNI

Les possibilités sont immenses : grâce à SEV ⓔ , RAGNI travaille actuellement sur un marché national qui doit permettre de connecter 45 communes et 2600 points lumineux sur les deux prochaines années, en intégrant la connectivité des bâtiments ainsi que les réseaux gaz et eau. L’avenir se joue donc aujourd’hui, en anticipant l’évolution future du parc vers le 100 % LED, afin de pouvoir exploiter pleinement demain les outils qui existent déjà, mais qui sont encore assez peu utilisés. C’est cette vision scénarisée de la domotique que nous souhaitons porter.

Marcel Ragni — Je suis en effet certain que le métier de l’éclairage a de beaux jours devant lui, car il représente une source d’économie d’énergie parmi les plus performantes.


Ainsi, RAGNI s’apprête à réitérer cette année les Rencontres de l’éclairage raisonné (REDR) nées en 2022.


Cet évènement réunit les parties prenantes de l’éclairage public — fabricants, concepteurs lumière, astrophysiciens — autour d’ateliers de réflexion sur l’avenir d’un éclairage conscient. Nous sommes persuadés que la végétalisation de la ville, la protection de la faune et de la flore, la demande de sobriété, la trame noire** sont autant d’évolutions sociétales fécondes pour l’innovation industrielle.​​


Le point sur le vocabulaire de la lumière…

Zhaga* : Zhaga est un consortium international d’entreprises du secteur de l’éclairage et autre, créé en février 2010 visant à assurer l’interchangeabilité des sources lumineuses LED produites par différents fabricants.

Trame noire**: Sur le modèle des trames vertes et bleues, la trame noire désigne un réseau écologique propice à la vie nocturne. La pollution lumineuse a de nombreuses conséquences sur la biodiversité. La lumière artificielle nocturne possède en effet un pouvoir d’attraction ou de répulsion sur les animaux vivant la nuit (trameverteetbleue.fr). L’expression « trame noire » est polysémique puisqu’elle désigne autant le réseau écologique en lui-même que la volonté de limiter les nuisances lumineuses dans ces espaces. L’idée de la trame noire n’est pas nouvelle. De nombreux concepteurs lumière ont proposé aux collectivités dès le début des années 2000 de réduire les éclairages extérieurs, en particulier dans les zones sensibles, et d’apprivoiser l’obscurité, y compris en ville. Avec la prise de conscience des enjeux écologiques et les annonces gouvernementales d’un retour à la sobriété, l’expression “trame noire” s’est imposée depuis quelques années, jusqu’à devenir quasiment connue du grand public.


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