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Éclairage intelligent : quelles économies peut-on espérer ?

  • Aude Grard
  • il y a 6 jours
  • 5 min de lecture

Dernière mise à jour : il y a 6 heures


De la simple gradation de l'éclairage public à la smart city sophistiquée, jusqu'où faut-il aller pour réduire sa facture d'électricité ? Et si faire des économies intelligemment n'était pas juste une question technologique ? Prismes a mené l'enquête auprès de différents maîtres d'ouvrage et fabricants. 


Illustration de la ville connectée
Illustration de la ville connectée, crédits : jo youngju

Économie d’énergie, éclairage intelligent : quel niveau d'intelligence pour quel gain ?

Intelligence technique


Nul besoin de connecter un réseau d’éclairage pour exploiter l’intelligence offerte par la LED : installer des luminaires dont les LED peuvent être gradées et, plus précisément, abaissées en cœur de nuit, permet déjà de réaliser des économies substantielles. D’ailleurs, les communes ne s’y trompent pas : la plupart des grands fabricants ne vendent quasiment que des LED gradables ; le ON/OFF a disparu. Ainsi, l’intelligence est ici d’ordre technique, puisque c’est l’alimentation de la LED qui permettra de faire varier l’intensité du flux lumineux.


Comme le précise GROUPE RAGNI, en comparaison d’une installation en lampes à décharge, la gradation permet déjà de réaliser plus de 60 % d’économie. Et si on ajoute à ce système des zones en détection de présence, les économies peuvent atteindre 70 %.


Pour autant, cette intelligence n'est pas pilotable à distance : changement de saison, évènements divers...chaque point lumineux doit être piloté localement, c'est-à-dire au pied du candélabre, par Bluetooth, via une intervention humaine.


Éclairage public solaire éclairant un parking à Nemours.
Tableau montrant les économies d'énergie estimés par GROUPE RAGNI en fonction de l'intelligence utilisée dans une ville de 20 000 habitants. Crédits : GROUPE RAGNI.

Intelligence numérique


Alors la smart city est-elle la solution ultime pour faire des économies d’énergie ? GROUPE RAGNI annonce 80 % d’économie d’énergie pour une installation LED qui couple gradation, détection et télégestion. Mais au-delà des économies d’électricité, la télégestion permet d’agir sur les émissions carbone de tout l’écosystème du service : il n’est plus nécessaire de se déplacer jusqu’au mât pour aller vérifier une panne signalée par un riverain ou pour modifier la programmation d’un allumage lors d’une fête nationale, d’un changement de saison, d’un couvre-feu pour cause de pandémie ou même d'une nuit de pleine lune… tout se fait à distance. Une stratégie intéressante dont la mise en place s’étudie en fonction du contexte, de la taille des services, de la densité de points lumineux et de l’étendue du territoire. En effet, la télégestion a un coût de déploiement et d'entretien, le retour sur investissement est donc à questionner.


Par ailleurs, ces boîtiers de pilotabilité peuvent s’ajouter à un luminaire LED déjà en place ! Vous avez raté le coche de l’éclairage intelligent ? Il n’est pas trop tard. Les fabricants, qu’ils soient producteurs de candélabres, ou spécialisés uniquement dans la télégestion (à l’instar de Kawantech) sont nombreux, et beaucoup de systèmes sont compatibles entre eux, mais attention, pas tous ! Certains systèmes sont dits « fermés ». Pour exemple, Kawantach indique sur son site internet une comptabilité de son système avec les marques suivantes : Eclatec, Europhane, Fontes de Paris, General Electric, IGuizzini, Schréder/Comatelec, Lenzi, Signify, Selux, Ragni, Rohl, Selux, Technilum Zumtobel / Thorn.


Ainsi, quelque soit le niveau d’intelligence mis en place, la connaissance du parc existant et la manière de lancer l’appel d’offres restent les clés d’un projet d’éclairage durable.


Module de télégestion Tegis de Lacroix City, crédits : Lacroix City
Module de télégestion Tegis de Lacroix City, crédits : Lacroix City

​Le solaire


Passer de l’éclairage filaire ou solaire permet de faire 100 % d’économie. Pour autant, porter son choix sur le solaire n’exclut pas de mener une réflexion fine sur les usages et les stratégies d’abaissement et d’extinction, avec l’objectif de réduire les nuisances lumineuses et de préserver au maximum les sources et les batteries… Chez Fonroche Lighting, chaque luminaire embarque une puce LORA, fonctionnant en radiofréquence, qui permet d’envoyer des messages, même à très longue distance. Le parc est donc pilotable via une carte SIM : on peut notamment suivre la consommation, l’état des luminaires, programmer des gradations, des extinctions ou des allumages d’urgence. Ainsi, le solaire porte déjà en lui une intelligence technologique qui pourra être mise au service d’une vraie stratégie nocturne, car la technologie, aussi sophistiquée soit-elle, ne saurait produire des économies durables sans l’intelligence humaine. 


Économie d’énergie : l’intelligence de l’étude avant tout

En effet, tous ces chiffres séduisants ne se résumeraient qu’à des vœux pieux si d’aventure, on se retrouvait à devoir rallumer à 100 % ses rues, suite à des retours anxieux de riverains… on a vu ces dernières années d’impressionnants rétropédalages de villes s’étant lancées dans les extinctions trop rapidement. Car ce sont bien les usages qui doivent dicter le niveau d’intelligence à mettre en place et non la technologie qui doit s’imposer en dépit du contexte.


Cette stratégie fine, encadrée par des documents-guides réalisés par des concepteurs lumière, c’est la démarche que la ville de Pau depuis dix ans. Ainsi, Jean Bidégaray, chef du service éclairage public, confiait à Prismes en février 2025 :


« Lorsque l’on passe de la lampe à décharge à la LED, on divise par deux la facture. Mais si on procède à des abaissements grâce à la télégestion, en réduisant le flux de 50 % en cœur de nuit, on gagne encore 20 %. Allons encore plus loin, avec la détection de présence. Si on installe de la détection de présence, en laissant les lampes à 10 % de leur flux et en faisant remonter celui-ci jusqu’au seuil normatif seulement en cas de passage, on arrive à 90 % d’économie ! Il s’agit là d’une économie mesurée sur les compteurs Linky, pas d’une extrapolation. C’est là que les documents guides sont fondamentaux : ils permettent de déterminer finement les quartiers à abaisser, les rues résidentielles à passer en détection, en fonction des dynamiques urbaines et des usages. À Pau, nous avons fait le choix de ne pas éteindre l’éclairage public pour assurer une continuité de service auprès des habitants. Car une ville qui pratique l’extinction totale sur 5 heures n’économisera pas plus que celle pratiquant un abaissement à 50 % sur dix heures, comme c’est le cas à Pau »


Centre-ville de Pau, quartier de la Monnaie en LED à 100% (à gauche) et après abaissement (à droite) à 50% du flux de 22h à 6h du matin (scénario automne-hiver) © Adrien Basse-Catalinat/ Ville de Pau
Centre-ville de Pau, quartier de la Monnaie en LED à 100% (à gauche) et après abaissement (à droite) à 50% du flux de 22h à 6h du matin (scénario automne-hiver) © Adrien Basse-Catalinat/ Ville de Pau.

Des chiffres encore plus impressionnants que les moyennes annoncées par les fabricants, mais qui sont le résultat d’un travail de longue haleine des services, pour conjuguer ambiance nocturne et économie.


Le point sur la vocabulaire de la lumière...



Gradation : Une lumière gradée est une lumière dont le flux augmente ou diminue, soit de manière continue, soit par palier. Aujourd’hui, beaucoup de luminaires intérieurs et extérieurs sont gradés de manière à adapter le niveau lumineux aux usages ou créer des effets de lumière.


Nuisances : On parle de nuisances lumineuses ou de pollutions lumineuses pour désigner la gêne directe que produit l’éclairage artificiel pour les humains, la faune et la flore, mais aussi pour pointer les conséquences que cet éclairage a sur l’ensemble des écosystèmes et le ciel nocturne. Le halo lumineux qui entoure les villes constitue une des manifestations de la pollution lumineuse.​



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